avril 10th, 2012

Un, deux, trois, vous viendrez chez moi

Quatre, cinq, six, manger des saucisses

Sept, huit, neuf, et des côtes de bœuf

Dix, onze, douze, on boira du rouge.

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avril 10th, 2012

Un loup à roulettes

Qui roule et qui pète

Sur sa mobylette

S’en va faire la fête.

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avril 7th, 2012

Où l’on découvre les magnificences et l’équipage de la Maharanée du Hamsterisatan.

Ce qui fut dit fut fait.

Ainsi que les plénipotentiaires en avaient délibéré, il faut convenu que la Maharanée du Hamsterisatan serait reçue en visite officielle par Sa Roseur Épanouie, vénérée souveraine des marches du Sud. Il en était ainsi résulté par la survenue d’une circonstance inopinée qui avait interdit la séjour de la Maharanée en la province Aquitaine, où elle avait été requise à la demande pressante de Sieur Gascogne de la Sombre Lune et son acolyte, le Juge Ed du Magret, qui l’avaient humblement priée de venir arbitrer une vilaine querelle à propos d’oignons et d’échalotes qui menaçait de tourner au conflit armé.

Or donc, ainsi détournée de sa route par l’intervention de quelque divinité facétieuse, la Maharanée se mit en route pour le lointain royaume d’Aquapastis, qui vivait alors des jours heureux sous la férule de Sa Roseur immanente Cécil première.

Ce fut le quatrième jour du mois d’avril de l’an de grâce 2012 que, menant grand train, l’équipage de la Maharanée du Hamsterisatn entra en la bonne ville d’Aix-en-Provence, où elle fut reçue en grande pompe par la souveraine des lieux qui avait tenu à venir l’accueillir.

La Maharanée avait fait les choses avec magnificence. Sous les ors et les draperies de son équipage, elle reposait alanguie sur un lit de damas aux armes du 8° RPIMA, dont elle était la marraine et dont les parements et coussins étaient brodés de la célèbre devise  “Snoc Xua Trom”. La précédant pour éloigner la foule des badauds, ses licteurs portaient fièrement les faisceaux surmontés des armes de la maison Royale du Hamsterisatan, Parti  en 1  de gueules à neuf œufs sur le plat d’or, posés 3, 3, 3  ; et en 2  d’hermine qui est de Bretagne ; surmonté de la couronne royale du Hamsterisatan reposant sur le bandeau où s’étalait la fière devise “Un bisou, une tape sur les fesses, et au lit”.

Se faisant moult révérences, politesses et embrassades, les deux souveraines prirent place dans le carrosse royal et, saluant gracieusement la foule de la main, s’éloignèrent sous les vivats. On raconte à ce propos que Sa Roseur Sans Pareille, se penchant à l’oreille de la Maharanée, lui susurra en confidence “Fais-y pas attention, ils sont un peu fadolis dans le quartier. Si t’as besoin de te décontracter le sensoriel, je te ferai venir des chip-en-dales. C’est pas qu’ils soient mieux équipés du ciboulot, mais au moins ya du calibre sérieux, et comme ils font les trois-huit, t’as pas le temps de refroidir. Et sinon, c’est sympa d’être à l’heure, mais moi j’ai la dalle, on va grailler chez l’habitant, ça te dit ?”

Et c’est ainsi que devisant avec charme et esprit, les deux souveraines prirent la route de la marée. Mais ceci est une autre histoire.

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avril 3rd, 2012

Rappel : le principe des textes classés dans la catégorie Garbage collector veut que chaque texte soit inspiré par une chanson, l’ensemble des textes devant former un tout cohérent. Dans ma mesure du possible, la chanson est incluse en fin de texte. N’oubliez donc pas de commencer par le chapitre I au risque de ne pas tout comprendre.

C’est à cette heure-là qu’on rentre ?

Troll n’a fait ni une ni deux et s’est précipité sur la Pustule histoire de lui faire la fête.

  • Et bien, au moins il y en a un qui est content de me voir.
  • Qu’est-ce que tu fais là ? T’es pas censée être couchée ?
  • Fait chaud, j’avais besoin de prendre l’air.
  • Et ta mère, elle sait que t’es là ?
  • T’as qu’à croire. Elle est dans un état qu’elle s’en fout royal de savoir ousque j’suis.
  • Elle s’est encore pris une murgée ?
  • Et une sévère.
  • Bon, je suppose qu’il faut que j’y aille ?
  • Non, laisse tomber, je l’ai dessapée. Elle est sur le canapé, à part tomber, elle ne risque rien. Et encore, j’y ai mis les coussins par terre au cazou. Et toi mon Troll, fais voir ta patte.

Bien entendu, l’autre truffe s’est empressé de se rouler sur le dos pour présenter sa patte blessée. Calamity Marie s’est penchée pour examiner le malade. Calamity c’est ma fille à moi, c’est tout ce qui me reste d’une vie d’avant. Ce n’est pas rare que je la trouve devant ma porte. Ou dedans vu qu’elle a la clef, quoiqu’elle hésite « pour pas déranger ».

  • C’est son boulot encore ?
  • Qu’elle dit. M’enfin t’admettras qu’il ne faut pas faire dans les RH si qu’on supporte pas les plans sociaux.
  • Si on ne supporte pas.
  • Ya des fois que t’es aussi chiant que maman.
  • C’est ce qui fait mon charme la Pustule.
  • M’appelle pas comme ça.
  • Je t’appelle comme je veux, je suis ton père.

C’est là qu’elle s’est jeté sur moi et à commencé à me marteler la poitrine, moitié riante, moitié furieuse.

  • Ben si tu continues, t’as intérêt à te souvenir du numéro de SOS Papas battus à cause que tu vas en avoir besoin.
  • Stop, pitié, je me rends, grâce.
  • D’accord, mais je veux le dernier Twilight.
  • Encore ! Mais ils en sortent toutes les semaines de ces bouquins ? T’en as pas marre, tu ne voudrais pas lire quelque chose d’intelligent pour une fois ?
  • Lire quoi ? D’abord pour me faire chier j’ai le collège. Ensuite, lire quoi, tes discours à la gomme pour l’autre naze ?
  • Confonds pas tout, ça ce n’est pas de la littérature, c’est juste pour bouffer. Et puis je vais arrêter.
  • Fais-moi pas rire, ça fait trop longtemps que je t’entends dire que tu vas arrêter de bosser pour ce gland.
  • On ne dit pas ce gland, on dit Monsieur le Président.
  • Et qu’est ce que tu veux que ça me foute ? C’est un gros naze.
  • Mais qui paye bien.
  • D’toutes façons t’avais dit que t’arrêterais quand il serait élu. Pis que t’arrêterais quand il serait réélu. Et maintenant ça sera pour quand ?
  • Non, ce coup-ci c’est décidé. Demain je lui donne ma démission.
  • Je parie que tu ne le feras pas.
  • Tu verras bien.
  • Et Katia, elle en dit quoi ?
  • Elle n’en dit pas grand-chose, pour plusieurs raisons. Primo elle n’est pas au courant, secundo, même si elle était au courant elle s’en ficherait pas mal vu qu’elle a décidé de partir, et tertio, même si elle ne s’en fichait pas, elle ne risquerait pas d’en penser quoi que ce soit vu qu’elle a eu un accident en voiture avec son nouveau mec et qu’elle n’a pas repris connaissance.
  • Pfiou, ben tu fais les choses en grand. Un vrai vaudeville. Sauf que je ne t’aurais pas imaginé dans le rôle du cocu.
  • Merci c’est réconfortant d’entendre ça.
  • Alors c’est pour ça que j’arrivais pas à t’avoir au téléphone ce soir ? Tout le monde a dû t’appeler.
  • Ouaip, un vrai régal.
  • Et comme tu n’aimes pas répéter plusieurs fois la même chose, tu leur as raconté une histoire différente à chaque fois. Je te connais comme si je t’avais fait.
  • C’est un peu l’inverse, bien que ta mère y soit aussi pour quelque chose, mais oui. Sauf que j’ai quand même raconté la vérité à Marianne.
  • Et tu t’es arrangé pour ne pas être cru.
  • Pile-poil.
  • T’es vraiment pas normal. Mais je t’aime.
  • Moi aussi je t’aime Pustule.
  • T’as été la voir ?
  • Non. Je ne sais pas si je dois. En théorie nous ne sommes plus ensemble depuis ce matin.
  • T’es vraiment la reine des pommes. Tu ne vois pas qu’elle n’a que toi ?
  • Dis donc, je croyais que tu n’aimais pas Katia.
  • Ça n’a rien à voir avec le fait que je l’aime ou pas. D’abord t’es toujours marié avec. Ensuite, faut bien qu’on se serre les coudes nous les femmes.
  • Vous les femmes ? Faut te calmer un peu la Pustule, c’est pas par ce que t’as deux piqûres de moustique sur le torse que ça fait de toi une femme.
  • Ah bon, et on fait comment, tu peux m’expliquer papa ? Je suis sur que tu vas m’apprendre plein de choses, alors explique-moi comment qu’on devient une femme.

Ce qui est bien avec les gosses c’est qu’on ne sait jamais quand on va se faire avoir. Reste la certitude qu’à un moment ou à un autre, on va se faire avoir. C’est rassurant de savoir qu’il y a des invariables dans la vie.

  • Hein, explique-moi papa. Ou si tu ne sais pas, je peux peut-être t’expliquer moi.
  • Ça va, ne la ramène pas, tu veux. Allez, caltez volaille, tu devrais déjà être au lit, il y a école demain.
  • Oui père, bien père, je suis à vos ordres. C’est récent qu’on ait inventé l’école le dimanche ?

Et allez, mieux vaut jeter la cognée après deux manches à zéro. Ou faire semblant de ne pas relever.

  • Allez file la Pustule. Et prends soin de toi.
  • Oui P’pa. Je peux garder Troll pour ce soir ?
  • Et qui va s’occuper de lui demain ?
  • Demain c’est dimanche, la fête à ma tante. Je te le ramènerai ton clebs va, te bile pas.
  • C’est d’accord, mais sois gentille de ne pas me tirer du lit aux aurores.
  • Oui père, il en sera fait suivant vos désirs.

J’ai quand même eu droit à deux bises. J’ai même cru voir un éclair de tendresse. Ou d’inquiétude. Du coup je me suis senti vieux.

En remontant, je me suis aperçu que j’étais vanné. J’ai juste eu le temps de me déshabiller et de me mettre au lit. Putain de journée.

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avril 1st, 2012
  • Mais c’est pas possible, tu peux m’expliquer pourquoi tu ne m’as pas prévenu que tu avais une mycose ?
  • Mais t’es con ou quoi ? Chez moi, jamais on les donne les coins à champignons.
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mars 31st, 2012

Au fait, je vous ai pas raconté ? Ce matin, j’arrive tranquillement à la boulangerie, et là, il y a Tsonga qui essaye de me passer devant.

Je reste calme et pondéré, et je lui explique qu’il n’a qu’à faire la queue comme tout le monde.

Et là, il commence à couiner que c’est toujours pareil et qu’il se fait toujours piquer le dernier Kinder Bueno en faisant la queue.

Et là débarque Cerise de Groupama, qui lui dit de pas s’inquiéter et qu’elle va y aller à sa place pour prendre le dernier Kinder Bueno.

Là je suis pris entre l’envie irresistible de lui dire d’aller se méler de ses affaires et de pas venir me les briser.

Mais j’ai pas le temps de l’ouvrir qu’elle tente de me passer devant en hurlant « Amagiz » en brandissant un billet de 5 Maravédis.

Du coup, Amora me monde aux naseaux, j’y colle un O-soto-gari qui l’envoie bouler dans les bras de Tsonga qui la rattrape.

Avant qu’il ait pu réagir je lui colle un bourre-pif et deux high-kiks pour faire bonne mesure.

Je saute par dessus le comptoir, j’arrache le Kinder Bueno de mains de la boulangère, je déchire l’emballage avec les dents.

Je me précipite sur Cerise, lui arrache sa culotte et lui enfile bien profond le kinder dans son intimité.

Et j’entends une salve d’applaudissement venant des boîtes de Mon Chéri, enfin vengées de voir pour une fois une Cerise fourrée au chocolat.

Du coup ça m’a mis de bonne humeur pour la journée.

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mars 30th, 2012

À propos de la perte du triple A par la France, le jeune Gérald de Nerveux nous a fait parvenir ce sonnet.

 

Je suis le p’tit nerveux, le bœuf – le dégradé,
Le prince d’Aquitaine à la raie dégarnie
Mon troisième A est mort, et ma muse obstinée
Porte les lunettes noires de Christian Estrosi.

Dans l’ennui du tonneau, toi qui m’a consolé,
Rends-moi le A magique et le Berlusconi,
L’ardeur qui plaisait tant à la foule enivrée
Et la paille, et le grain, quand Jaurès je rallie.

Suis-je Atour ou Paraître ? Morano ou Besson ?
Mon front est rouge encore du baiser de Marine ;
J’ai voulu affoler en lançant la sirène…

Et je suis comme un con dégradé par Albion ;
Maudissant tour à tour agences et marchés
Les soupirs d’Angela et les cris des banquiers.

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mars 29th, 2012

Un pignouf de corbac sur un toufu planté
Se cargait par la tronche un coulant baraqué

Un pignouf de racneau, qui n’était pas bégueule
Et n’avait pour bectance qu’un bol d’air dans la gueul’
Dégoisa au corbac illico sa jactance

Des zoziaux j’en ai vu, des comacs pas bézef
L’est mieux fringué qu’un mac, et s’il pousse la beuglante
Aussi bien qu’l’est nippé, c’est l’mecton à la r’dresse
Des coins-coins du quartier

À ces mots le corbac, pas pour deux sous mariole
Ouvrant grand le clapoir entonne une ballade
Et lache le frometon, au racneau, sur la fiole

Envoyez c’est pesé, dit l’racneau, j’t’ai feinté.
Retiens, pov’ crétin, que si on t’empommade
C’est pour, recta et à donf, bien profond t’entuber

Pour cette leçon, ma foi, un coulant c’est pas lerche
Et la prochaine fois, tu te l’caleras sous l’derche

Mon corbac, se dit-il, t’es bien la reine des pommes
Et plus jamais, que nib, tu t’fras avoir ça comme.

Pour copie conforme,

Jannot la Tainfon.

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mars 26th, 2012

Rappel : le principe des textes classés dans la catégorie Garbage collector veut que chaque texte soit inspiré par une chanson, l’ensemble des textes devant former un tout cohérent. Dans ma mesure du possible, la chanson est incluse en fin de texte. N’oubliez donc pas de commencer par le chapitre I au risque de ne pas tout comprendre.

– Tu es sûr que ça va aller ?

Je hoche la tête, ce qui est quand même d’une utilité limitée au téléphone. Mais là, ça passe.

– Sûr hein ?

Combien de fois ai-je entendu cette phrase ce soir ?

– Oui, ça va, ça va aller, ne t’en fais pas.

Je raccroche sans dire au revoir.

Et puis merde.

Il faudrait que quelqu’un se penche sérieusement sur la vitesse de propagation des mauvaises nouvelles. C’est à croire que l’on n’a pas le temps d’assimiler que la moitié de la planète est déjà au courant.

La nuit est tombée. Quelle heure est-il ? Dix heures. Déjà. J’ouvre la fenêtre en grand. La chaleur est encore là, palpable. Pas un souffle. J’ouvre la cuisine de l’autre côté pour tenter de créer un courant d’air. Tentative manifestement vouée à l’échec, mais j’ai au moins l’impression de faire quelque chose.

Le téléphone sonne. Troll en profite pour aboyer. Je n’ai jamais compris pourquoi il ne supportait ni la sonnerie du téléphone ni celle de la sonnette d’entrée. J’ai beau ruser, changer de téléphone, de sonnerie, rien n’y fait. Ça laisse deux jours de tranquillité, mais sitôt qu’il a repéré qu’il s’agit du téléphone, il recommence à aboyer. Au fond, il est tranquille chez lui, il n’a ni envie de recevoir de monde, ni envie de recevoir de nouvelles. Je le soupçonne d’avoir raison.

De toute façon, une semaine de merde c’est une semaine de merde. Surtout quand ça commence par une lettre du trésor annonçant benoîtement qu’il bloquait la totalité des comptes bancaires pour non-paiement des impôts locaux. Bon, normal, sauf que non seulement ils étaient payés, et dans les temps pour une fois, mais en plus j’avais une jolie lettre de leur part me demandant ce qu’ils devaient faire du trop-perçu.

Enfin, presque, vu que ce n’est pas moi qui tenais les comptes. Ça fait bien longtemps que j’avais délégué à Katia tout ce qui était problèmes d’argent. Je me contentais d’en gagner aussi souvent que possible, d’en dépenser raisonnablement, mais pour tout le reste c’est elle qui tenait les comptes et payait les factures. Là aussi c’est elle qui était allée au Trésor leur démontrer leur erreur, puis apporter la mainlevée à la banque. Comment avait-elle pu ? Elle devait déjà savoir qu’elle allait partir, pourtant.

Ensuite ça a été le chien qui s’est ouvert un coussinet.

J’essaye de le laisser courir le plus souvent possible. D’habitude je le descends et je le laisse aller faire son tour du quartier tout seul. Il ne se mêle pas de mes histoires, je ne vais quand même pas aller me mêler des siennes.

Certaines fois il lui arrive de rentrer trempé, l’air à la fois pitoyable et vexé de s’être pris un seau d’eau de la part d’un pénible qui le trouvait nettement trop entreprenant avec sa chienne, mais ce coup-là il est revenu avec la patte qui pissait le sang. Bien évidemment, je l’ai engueulé, j’ai arrêté le saignement, je l’ai engueulé à nouveau puis je suis allé nettoyer le sang dans les 3 étages de la cage d’escalier. En remontant, j’ai hésité puis je me suis abstenu de l’engueuler une troisième fois.

Et pour finir, ça a été le joint de culasse de la voiture. Enfin, on a eu quand même un peu de chance, c’est une feignasse de mécanicien abusant des 35 heures qui nous a arrêtés pour nous dire que le pot fumait et qu’on avait intérêt à parquer la voiture avant que le joint ne lâche complètement.

Enfin, je croyais que c’était tout jusqu’à ce matin.

Téléphone. Aboiements. Ta gueule Troll. Décroche.

– Mon Dieu, je viens d’apprendre la nouvelle, alors je t’appelle tout de suite. Ça va toi ? Tu tiens le coup ?

Ben tiens, ça faisait bien un quart d’heure que personne ne m’avait posé la question.

– Oui, ça va aller, t’inquiètes.

Je savais quelle allait être la question suivante. Je commençais à être rodé.

– Comment ça s’est passé ?

– Je n’ai pas de détail. Elle était partie faire une course avec un collègue de travail. Les gendarmes ont dit qu’il y avait certainement eu une voiture qui leur a coupé la route, mais l’autre conducteur s’est enfui.

– Et Katia, tu as des nouvelles ?

– Pour l’instant elle est en réanimation. Les médecins disent qu’elle va s’en sortir. Elle n’a eu que des contusions et un traumatisme crânien.

– Et le conducteur ?

– Il a eu moins de chances, il est mort sur le coup.

– Mon Dieu quelle histoire, tu crois que tu vas tenir le coup ?

Ça y est, je sentais l’exaspération monter.

Pourquoi les gens ne peuvent-ils pas s’empêcher de poser les questions les plus stupides ? « T’as été chez le coiffeur ?» Non, connasse j’ai mis la tête dans le micro-ondes. « C’est pour manger ?» Non, crétin, on vient au restaurant pour tirer un coup. T’es gentil de nous débarrasser la table 4, vu que la bourgeoise elle apprécie moyen de coïter avec une fourchette plantée dans le croupion « Alors, dites-moi pourquoi vous désirez travailler pour nous ? » Pour le fric taré, vu que ta boîte de merde embauche et que je préfère me faire chier en étant payé pour ça que de m’emmerder sans un rond chez moi.

Je respire un grand coup pour me calmer. Zen.

– Ça va aller ? Tu ne dis rien ?

Je raccroche sans répondre et sans remords.

Faut bien entretenir ma réputation de pénible. Ce qui me fait le plus chier c’est de savoir que cette tanche va me trouver des excuses. C’est quand même un monde de pouvoir être désagréable avec les cons sans qu’ils vous en veuillent. Font chier.

Téléphone. Aboiements. Ta gueule Troll. Décroche.

– C’est Pierre, je viens d’apprendre la nouvelle, quelle histoire.

– Ouaip, ça va je tiens le coup.

Autant devancer et passer directement au point suivant

– Comment est-ce arrivé ?

S’il y a une chose que j’apprécie chez Pierre c’est son obstination à employer les formes interrogatives et à faire les liaisons tout en sachant que c’est un combat perdu d’avance.

– Tu sais que la voiture est en panne. Le garage nous avait envoyé un mécano avec une voiture de remplacement. Katia est partie avec lui et c’est en rentrant au garage que le type a eu une crise d’anémie graisseuse et a perdu le contrôle de la voiture.

– Quelle histoire. Tu sais que si tu as besoin de quelque chose tu peux compter sur Anne et moi.

– Merci Pierre j’y penserai au besoin. Bon je vais me pager.

– Tu es sûr que ça va aller ?

Raccroche. Soupire.

Boucan dans la cuisine. Soupirer. Se lever.

C’est Fitz qui vient de dévaler une pile d’assiettes en tentant désespérément d’atteindre le placard.

J’engueule pas. Sert à rien d’engueuler un chat, sinon à se faire mal voir. J’ouvre la porte du placard. Plein cadre le paquet de croquettes.

Regard courroucé du greffier accompagné de miaulements comminatoires. C’est con, je suis sûr que s’il avait une montre il serait en train de la tapoter en miaulant « j’ai failli attendre ». Bien évidemment, sa gamelle est encore à moitié pleine de pâtée, mais pour Son Altesse c’est pâtée et croquettes du soir. Soucoupe – faudrait pas mélanger les croquettes avec la pâtée sous peine de se voir assassiné d’un long regard de mépris – verser croquettes. Si ton altesse veut bien se donner la peine. Pas de réponse. Il bâfre sans plus faire attention à rien. Il y a franchement des fois où j’ai envie de l’attraper par la queue et de jouer à Thierry la Fronde.

Téléphone. Aboiements. Ta gueule Troll. Décroche.

– Coucou c’est Marianne, ma sœur est là ?

Allons bon, je suis tombé sur la seule qui ne soit pas encore au courant. Je l’aime bien la petite sœur, 19 ans, prête à bouffer le monde, autant d’indulgence pour la médiocrité qu’il y a de neurones dans le crâne d’un jeune pop et un petit cul à faire damner une armée de séminaristes.

– Non, t’es assise ?

– Ben pourquoi ?

– Ta sœur m’a annoncé ce matin qu’elle me quittait, puis elle est partie avec son amant. Qui a trouvé moyen de rentrer dans un camion à 110 à l’heure. Lui est mort et Katia est encore en soins intensifs, mais d’après les toubibs ses jours ne sont pas en danger.

Long silence sur la ligne.

– Remets-toi, elle va s’en sortir, elle a eu une veine de cocue. Je ne peux pas en dire autant.

– Tu me dis la vérité ?

– Pour l’accident, c’est vrai.

– Où est-elle ?

– Au CHU, mais pour le moment, elle est en réanimation, on ne peut pas la voir.

– Et pour le reste c’est vrai aussi ?

– Tu fais comme si je ne t’avais rien dit.

– T’es vraiment malade de plaisanter avec ça.

– T’étais pas au courant ?

– De toute façon, ça aurait dû être vrai, je n’ai jamais compris que Katia ait accepté d’épouser un taré dans ton genre.

– Ben tu vois, ça nous fait au moins un point commun, moi non plus je n’ai jamais compris.

– T’es vraiment un sale con.

– Pour vous servir mamzelle.

Bon, pour une fois ce n’est pas moi qui ai raccroché. Ça change un peu. J’ai eu mon compte pour ce soir.

Débrancher téléphone. Vérifier que le portable est éteint. Souffler. S’asseoir.

Troll est allongé sur son tapis. J’en profite pour inspecter sa blessure. Il se laisse faire sans protester.

– Si tu pouvais t’empêcher de gratter la terre comme un con à chaque fois que tu as fait une crotte, ça serait guéri depuis longtemps.

Il lève une paupière, pas foncièrement persuadé de la nécessité de répondre. Ça, on ne peut pas dire qu’il soit du soir. Passé 9 heures, c’est une tape sur les fesses un bisou et au lit. Pour arriver à le bouger ensuite, il y a du boulot. Mais là je n’ai pas le choix, il n’est pas descendu depuis ce midi, et je n’ai nulle envie d’éponger demain matin.

– Allez, debout, on va faire un tour.

Battement de paupière sans autre résultat. Troll reste soigneusement couché sur le dos, ventre offert aux caresses. C’est manifestement le seul effort dont il soit capable à cette heure.

Je lui passe la laisse et tire. À regret il condescend à se lever.

Allez, ce coup-ci je viens avec toi. On y va.

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mars 25th, 2012

La femme de votre meilleur ami, Ed, vient de s’absenter pour le week-end, afin d’aller voir sa grand-tante Gascogne.

Mettrez ce moment de solitude à profit pour aider ce bon vieux Ed à se débarrasser de son boulet, tout en vous assurant des heures d’amusement.

  • Niveau de difficulté : débutant
  • Temps de préparation : de 2 à 4 heures.
  • Prix : une centaine d’euros.

Ingrédients :

  • Un tanga taille 60 (ou moins, mais plus c’est grand, mieux c’est) de préférence fendu à l’entrejambe, comme ceux qu’on trouve ici .
  • Un soutien-gorge taille 80 A, comme celui-là.
  • Un pack de bière.
  • Un gros sachet de cacahouètes salées qui donnent soif.
  • Un match quelconque à la télé.

Une fois le matériel reçu, préparez-le en retirant les étiquettes et en le froissant comme s’il avait été porté.

Passez un coup de téléphone à Ed pour lui dire que votre télé vous a lâchée et que le temps que le réparateur vienne constater le décès, vous aimeriez bien venir voir le match chez lui.

Débarquez avec votre pack de bière et les cacahouètes.

Installez-vous tranquillement devant la télé, ouvrez les cacahouètes et les bières, patientez jusqu’au moment où Ed va ressentir le besoin pressant de se recueillir aux toilettes.

Profitez de son absence pour glisser entre les coussins du canapé le tanga et le soutien-gorge, de préférence à deux endroits différents.

Finissez tranquillement votre bière et rentrez chez vous.

Une fois Madame Ed revenue, profitez de la première occasion pour parler de l’article passionnant que vous avez lu dans le « Femme actuelle » (il faut citer une revue qui fasse référence auprès  de la gent féminine pour emporter son adhésion) abandonné dans la salle d’attente de votre docteur, qui disait que 80 % des rhinites allergiques pouvaient être évitées en passant l’aspirateur dans les recoins, et notamment sous les coussins des canapés.

Reprenez une deuxième fois des lasagnes de Mme Ed, vous n’aurez sans doute plus l’occasion d’en manger à nouveau de sitôt.

Laissez mijoter tranquillement et attendez le coup de fil paniqué de Ed prétendant qu’il ne comprend pas pourquoi sa femme est partie.

Retournez le voir avec la fin des cacahouètes et une bouteille de whisky (inutile de prendre du bon, c’est pour offrir), laissez-le se murger et profitez-en pour lui faire les poches et rentrez chez vous.

En chemin, appelez Mme Ed sur son portable pour lui raconter l’état lamentable dans lequel vous avez trouvé son futur ex-mari, si vous sentez une ouverture, profitez-en pour lui filer rencard. Si tout se passe bien, pendant que vous lui faites son affaire, dites-lui que vous ne comprenez pas comment Ed, avec une vraie femme comme elle, a pu s’enticher du boudin avec un cul énorme et pas de poitrine que vous avez vu sortir de chez lui tout à l’heure.

Une fois fini, glissez-lui la carte de Me Tinkerbell, spécialisée en divorce, qui l’aidera à sortir de ce mariage désastreux, agrémentée en rouge de la mention « N’oubliez pas d’apporter tous les relevés de compte au premier rendez-vous« .

Rentrez chez vous avec la satisfaction du devoir accompli.

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