Archive for the ‘T’aurais mieux fait de la fermer.’ Category

Rangements.

vendredi, janvier 4th, 2013

Je n’aime pas ranger.

J’ai besoin de mon bordel autour de moi.

De toute façon, j’ai beau faire, il revient toujours.

Toujours le même. Et je ne sais pas comment il fait pour revenir à l’identique.

Pourquoi ai-je toujours des piles-bouton sur mon bureau ? Je n’en ai nul usage, pourtant, il y en a toujours au moins une paire qui traîne. Et ces clefs ? Je n’ai nul idée de la porte u’elles peuvent ouvrir. Pourtant elles sont là. Les cordons informatiques, une pince à linge, le laser à chat, tout ça a une raison pour être là. Mais le reste ?

J’ai besoin de mon bordel pour me sentir bien. Les trombones, les stylos, les cartouches pour un stylo que j n’utilise pas, tout ça marque ma place.

Je déteste ranger.

Des fois, je ne peux pas faire autrement, alors je met les piles boutons dans une petite boîte, avec d’autres dont je n’ai pas l’usage, les trombones dans une autre, les stylos dans leur pot à crayons. Je jette, je dégage, au bout du compte, c’est net, propre, impersonnel. Chiant, quoi.

Je déteste ranger.

Le reste de mon bureau est une longue accumulation. De livres, de revues, de journaux, d’ordinateurs périmés en attente de trouver une destination. On dirait pas, mais ça prend de la place. Deux iMac G3 hors d’usage, un bondi blue et un sauge, un performa 5400 noir, un imac G5 20 pouces sans alimentation, un G3 beige, un G4 format oreiller, une carcasse de PC 68000 AT de marque indéfinie qui me servait de rack pour périphériques scsi,  deux moniteurs Apple, un 12 pouces et un 13 pouces,  Une unité centrale P4 entièrement assemblée de mes blanches main, une autre unité centrale Acer, deux ensembles caisson de basses-enceintes. Et ça ne compte pas les quelques machines effectivement en service. Le vieux portable 17 pouces qui sert de télé, le fixe pour travailler, avec ses deux écrans et le netbook 12 pouces pour les déplacements. Et le mac mini qui fait serveur.

Je déteste ranger.

J’ai des tiroirs pleins de cartes mères, de cartes réseau, de cartes graphiques, de nappes, de disques durs, d’alimentations. Mais aussi de dossiers traités, de fascicules de stages de quand je faisais des formations, de listes de stagiaires, échangées en fin de séminaire,  avec leur mail et leur téléphone.

Je déteste ranger.

 

L’autre jour j’ai reçu un coup de fil d’une amie.

On parle de choses et d’autres, des problèmes dans son boulot, du chat, des mérites comparés du pal et de la guillotine pour éradiquer les cons.

Et puis je lui demande si elle a des nouvelles de la biopsie dont elle attendait les résultats.

C’est un cancer du sein. Stade 2. Donc normalement, opérable sans souci.

Je peste contre cette saloperie de crabe.

Et là, elle me dit tout doucement.

Mais je ne veux dire à personne que j’ai le cancer. Je suis désolée d’ailleurs que tu le saches, je ne veux pas embarrasser mes amis. D’ailleurs, je suis beaucoup moins angoissée depuis que je le sais. J’ai toujours eu du mal avec la vie. Cela m’arrange. Sérieux. J’ai pris ma décision il y a longtemps déjà, au moment d’une présomption (non fondée) de cancer des os, je refuse tout soin sauf le moment venu contre la douleur.

Et là je reste assommé.

Alors depuis, je range.

J’ai sorti une cinquantaine de kilos de papier, autant de matériel informatique divers; des sacs de câbles et cordons, une vieille imprimante A3. Mais pas le performa 5400 avec le bout de scotch sur le récepteur infrarouge pour qu’il ne réagisse pas à chaque fois qu’une télécommande Sony était utilisée à côté de lui.

Je range.

J’ai mis deux imprimantes, les imacs G3 et G4, et quelques kilos de disquettes à la cave.

Je range.

J’ai retrouvé mon vieux QuickTake 100, et la carte mémoire de 4 Mégas qui allait sur un portable Tosiba a écran monochrome.

Je range.

Je mets les piles boutons dans une boîte, les trombones dans une autre, les stylos dans les pots à crayons.

Je range.

Et quand il n’y aura plus rien à ranger, je pleurerai.

 

 

 

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Tu sais où tu peux te le carrer ?

samedi, mars 31st, 2012

Au fait, je vous ai pas raconté ? Ce matin, j’arrive tranquillement à la boulangerie, et là, il y a Tsonga qui essaye de me passer devant.

Je reste calme et pondéré, et je lui explique qu’il n’a qu’à faire la queue comme tout le monde.

Et là, il commence à couiner que c’est toujours pareil et qu’il se fait toujours piquer le dernier Kinder Bueno en faisant la queue.

Et là débarque Cerise de Groupama, qui lui dit de pas s’inquiéter et qu’elle va y aller à sa place pour prendre le dernier Kinder Bueno.

Là je suis pris entre l’envie irresistible de lui dire d’aller se méler de ses affaires et de pas venir me les briser.

Mais j’ai pas le temps de l’ouvrir qu’elle tente de me passer devant en hurlant « Amagiz » en brandissant un billet de 5 Maravédis.

Du coup, Amora me monde aux naseaux, j’y colle un O-soto-gari qui l’envoie bouler dans les bras de Tsonga qui la rattrape.

Avant qu’il ait pu réagir je lui colle un bourre-pif et deux high-kiks pour faire bonne mesure.

Je saute par dessus le comptoir, j’arrache le Kinder Bueno de mains de la boulangère, je déchire l’emballage avec les dents.

Je me précipite sur Cerise, lui arrache sa culotte et lui enfile bien profond le kinder dans son intimité.

Et j’entends une salve d’applaudissement venant des boîtes de Mon Chéri, enfin vengées de voir pour une fois une Cerise fourrée au chocolat.

Du coup ça m’a mis de bonne humeur pour la journée.

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Avocate

mardi, mars 20th, 2012

Ça y est. Vous l’avez enfin trouvée.

Elle est belle, intelligente, elle rit à vos blagues ; ce qui prouve plus une forte tendance à l’indulgence ou un mauvais goût très sûr, mais passons.

Vous sentez que vous allez enfin pouvoir passer

  •     votre vie,
  •     un bon moment
  •     deux semaines de vacances
  •     cinq minutes douche comprise

(rayez les mentions inutiles) avec elle.

Ce soir c’est le grand soir. Après l’avoir amenée voir le dernier film français sans Depardieu, Clavier ni Kad Mérad, vous avez tenté de l’éblouir en l’emmenant manger dans le dernier concept à la mode où il vous a fallu soudoyer le maître d’hôtel pour avoir la dernière table stratégiquement située entre la cuisine et les toilettes. Malgré les 17 fois où les serveurs pressés ont marché sur le bas de sa veste et les 9 euros 50 laissés sur votre table par des clients étourdis sortants des toilettes, vous sentez que le moment est propice pour envisager enfin d’ouvrir le paquet de préservatifs extra fins parfum fraise sauvage abandonnés par la dernière donzelle qui vous a plaqué au bout de 3 semaines en hurlant « je ne suis pas ta bonne, t’as qu’à faire le ménage toi-même » ; ce qui vous avait plongé à l’époque dans des abymes de perplexité dont vous n’êtes toujours pas sorti.

La lune est pleine, la lueur qui brille dans les yeux de la dame vous laisse envisager une issue érotique favorable, et au moment où le serveur vous apporte l’addition, elle fouille dans son réticule pour en ressortir un nécessaire à maquillage et aller se repoudrer aux toilettes, car la demoiselle bien éduquée sait s’éclipser pour laisse l’homme affronter son destin et faire chauffer la carte bancaire. C’est là que vous apercevez au fond du sac, entre un trousseau de clefs, deux protège-strings et une poignée de petite monnaie, roulée en boule, une robe noire avec un jabot blanc.

Là, trois hypothèses défilent immédiatement à votre esprit que nous allons analyser de la plus simple à la plus complexe.

Un, c’est la fille de Darth Vador. Hypothèse peu probable et qui laisse à augurer de situations gênantes lorsqu’elle va vouloir vous présenter ses parents. C’est un nid à gaffes du style « Bonsoir M. Vador, j’aime beaucoup ce que vous faites » ou « Et l’étoile de la mort, alors, elle monte à combien sur autoroute ? Ça doit sucer un max, non ? Et sinon, génie du mal c’était une vocation chez vous ou c’est une tradition dans la famille ? ».

Disons-le tout de suite, dans cette situation, vos chances de survie étant infiniment faibles, vous avez peu de souci à vous faire. Pensez quand même à mettre vos affaires en ordre rapidement.

Deux, vous êtes tombé sur la nouvelle prochaine grande chanteuse à petite robe noire, qui va bientôt être aussi célèbre que Juliette Gréco ou Barbara. Donc une perfectionniste qui exigera au lit que vous recommenciez encore et encore jusqu’à ce que la prestation soit parfaite et digne d’être réalisée sur scène, le tout en faisant des vocalises sur 3 octaves. Si vous avez l’endurance nécessaire et des voisins sourds, foncez.

Trois, et c’est la situation qui demande le plus de doigté, vous êtes tombé sur une avocate. Si votre vie n’est pas, a priori, immédiatement en danger, un certain nombre de précautions doivent néanmoins être prises pour pouvoir survivre à moyen terme.

En premier lieu, ne vous faites aucune illusion.

Tout ce que vous direz sera retenu contre vous.

Tout ce que vous ne direz pas sera aussi compté à charge.

Pire, tout ce que vous auriez dû dire et avez oublié vous sera compté triple.

Partez donc du principe que c’est de votre faute, même, et surtout, si vous ne savez pas ce qui vous est reproché. Acquiescez, louvoyez, mais n’avouez jamais, elle vous compterait ça comme une faute inexcusable.

En second lieu, apprenez à vous exprimer de façon à être compris.

  •     Ne remarquez pas qu’elle est en retard, demandez-lui pourquoi elle a été retenue.
  •     Si elle annule un rendez-vous ou une soirée, demandez toujours la date du renvoi.
  •     Si vous allez chercher un chariot pour faire des courses, ne lui demandez jamais si elle a des pièces à fournir.
  •     Au lit, tout commencement d’exécution doit être mené à bonne fin, sauf interruption par un événement extérieur.
  •     Toute relation sexuelle doit être regardée comme synallagmatique, tout manquement d’une des parties pouvant entraîner l’exception d’inexécution par l’autre partie.
  •     Dites-vous bien que si on lie les bœufs par les cornes et les hommes par les contrats, ce sont toujours les mêmes qui portent les cornes.

Quelques particularités peuvent varier en fonction des spécialités.

  •     Si elle est spécialisée en droit administratif et qu’elle vous quitte, vous pouvez toujours demander un sursis à exécution pour trouble dans les conditions d’existence, mais à condition d’avoir touché le fond.
  •     Si elle s’occupe de droit des étrangers, il ne faut jamais, mais alors jamais, prendre la dernière feuille de papier aux toilettes. Se retrouver sans papier ne la fait absolument pas rire.
  •     Si elle est dans l’immobilier, quand elle parle de parties privatives, ce n’est absolument pas aux vôtres qu’elle pense.

Et surtout, ne vous faites aucune illusion, le nemo auditur propriam turpitudinem allegans s’applique à tous, sauf à elle. Elle adore qu’on soit en extase devant ses exploits. Parlez-lui d’elle, elle vous écoutera.

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